« Mais tsé, ce n’est pas tout le monde qui est attirant. Par exemple, si la personne pèse 400 lbs… tu ne viendras pas me dire que tu trouves ça réellement beau! »


C’est une discussion que j’ai eue récemment, concernant mon travail de photographe boudoir. Et je la partage ici, car je trouve ça vraiment très intéressant. On a tous des goûts différents — et je n’y fais pas exception.

Mais mon point de vue résumé à la question de mon interlocutrice est le suivant : en réalité, je m’en fous.

Je n’ai pas à trouver une personne belle, ni laide. Qu’elle pèse 400 lbs ou 100 lbs. Tous les corps ont le droit d’exister. On appelle ça la neutralité corporelle. Pour moi, les attributs physiques sont avant tout factuels. Si la police se présente chez moi pour me demander d’identifier une personne, je vais leur donner des informations comme la couleur des cheveux, des yeux, la taille, la corpulence. Ce sont des traits d’identification, point. Et ça s’arrête là.

Ce n’est pas parce que je suis photographe que je dois avoir une opinion sur le corps des gens qui viennent me voir. Travailler dans l’image peut paraître superficiel par moments, mais tout dépend de l’approche. Certains de mes collègues privilégient un style léché, avec des éclairages précis. C’est leur force. Leur objectif, c’est de créer une image esthétique avant tout. Ils seront donc naturellement portés vers des standards de beauté classiques, car rien ne doit détourner l’œil de leur intention artistique principale.

Pour ma part, même si j’aime soigner mon éclairage, je suis mandatée pour faire un travail pour vous. Et vous, vous êtes un tout. Une personne entière. Pas juste un corps. Votre sourire communique quelque chose. Vos insécurités parlent de vous. Votre perception raconte ce qui vous a mené jusqu’à moi. Votre corps est une toile vierge sur laquelle, en fonction de votre morphologie, de vos attentes et de votre « moi entier », je vais pouvoir poser des couleurs.

Si une personne avec une poitrine généreuse se présente à moi, je vais réfléchir à la meilleure façon de la mettre en valeur. Par exemple, j’ai l’image d’une femme plantureuse couchée sur le dos, qui semble littéralement étouffée par sa superbe paire de seins. Mon travail, c’est d’éviter ce genre de posture pour qu’elle ait l’air à l’aise et confortable. Si vous me dites que votre ventre est votre plus grande insécurité, je ne vais pas faire de gros plan dessus. On va mettre l’accent ailleurs.

Bref, mon travail, ce n’est pas d’avoir une opinion sur votre corps. On n’est pas dans un contexte de séduction où l’attirance joue un rôle. Moi, je suis là pour vous offrir un moment de plaisir. Pour contribuer à votre évolution intérieure.

Votre corps est une base que vous m’offrez pour travailler. Mais c’est votre tout — votre essence, votre vécu, votre énergie — qui donnera le ton et la couleur à mon travail. Et c’est bien plus intéressant, d’ailleurs.